De l’art sous le sapin
Plus que neuf jours ! Neuf jours pour trouver le cadeau original à mettre sous le sapin, celui qui se démarquera du pull, de l’eau de toilette ou du traditionnel couplé livre/CD. Bien sûr, acheter de l’art n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais de plus en plus de structures parviennent à vendre des éditions limitées d’artistes à des prix concurrentiels, qui permettent un premier pas vers la collection (le multiple a même désormais un salon, MAD – Multiple Art Days, qui se tient chaque année fin septembre). Et ces éditions d’artistes ne sont pas des ersatz d’œuvres originales, mais de véritables pièces pensées comme telles par l’artiste, en fonction du tirage et de frais de production moins onéreux. Pour cette fin d’année, nous vous proposons une sélection d’endroits où vous pourrez trouver ces multiples, la plupart se situant aux alentours de 100 €, voire moins.
–La Galerie de Multiples. A tout seigneur, tout honneur, le temple du multiple à Paris, c’est bien sûr la Galerie de Multiples, cette galerie spécialisée dans l’édition d’artiste dont il a déjà été question dans ces colonnes (cf https://larepubliquedelart.com/la-galerie-de-multiples/). Dans cette exposition de décembre (All I Want For Christmas Is…), on trouve aussi bien des pièces « luxueuses » (une grande sérigraphie de Julio Le Parc tirée à 35 exemplaires et vendue 4000€ ou un pendentif en forme de cheval de Xavier Veilhan tiré à 30 exemplaires et vendu 2000€), que des œuvres plus abordables (une édition de tête d’un disque de Louise Hervé & Chloé Maillet constituée de 20 pochettes originales à 370€ ou un miroir « Dada » de la délicieuse Dorothy Iannone tiré à 30 exemplaires et vendu 350€). Mais surtout, depuis quelques temps, la Galerie de Multiples s’est lancée dans une série particulièrement attractive, la Collection 100%, qui consiste à demander à 100 artistes des multiples d’un format 40 x 60 cm, qui sont tirés à 100 exemplaires numérotés et signés et vendus 100€. Les artistes qui ont accepté de jouer le jeu sont parmi les meilleurs de la scène contemporaine. On peut citer, entre autres : Benoit Maire, Neil Beloufa, Mark Geffriaud, Peter Downsbrough, Jacques Villeglé, Alain Séchas, Olivier Mosset. Tous ont fait des propositions originales, avec des techniques et des approches différentes. Certains (Marlène Mocquet, John Armleder, Mounir Fatmi) sont déjà épuisés et d’autres sont en passe de l’être. Il ne faut donc pas attendre trop longtemps pour acheter ces éditions limitées qui deviendront bientôt de véritables « collectors ».
–La librairie Yvon Lambert. Depuis que le célèbre marchand a fermé sa galerie, il s’est replié sur cette librairie qu’il possédait déjà et dans laquelle on le voit souvent flâner entre les rayons ou discuter avec les clients. Bien sûr, la vocation essentielle de cette librairie (qui publie aussi de magnifiques ouvrages de bibliophilie) est de vendre des livres d’art, mais elle propose aussi tout un certain nombre de multiples, ceux édités par la Collection Lambert en Avignon, mais aussi d’autres comme, en ce moment, une très belle lithographie d’Adel Abdessemed représentant Proust sur son lit de mort. Les prix varient en fonction de l’importance des œuvres et peuvent atteindre des sommes considérables, mais, dans le lot, on trouve des pièces très abordables comme cette très belle série de posters réalisés par l’artiste conceptuel David Horvitz, qui fait des « propositions pour une horloge » : A Clock That Falls Asleep, A Clock Whose Minutes Are The Lengths Of Your Breaths, A Clock That Is Wound By The Wind… Ces posters, non signés, de 60 x 45 cm, sont tirés à 100 exemplaires et vendus seulement 25€. Du même artiste, pour ceux qui sont un peu plus en fonds, on peut aussi trouver un très poétique tampon encreur (Watching You Become The Sunset), tiré à 100 exemplaires numérotés et signés et vendu 150€. Enfin, à des prix encore plus raisonnables, on peut acquérir une affiche (certaines signées) d’une ancienne et prestigieuse exposition d’Yvon Lambert, car le galeriste a toujours était sensible à l’édition et a demandé à chacun de ses artistes de concevoir une affiche pour l’exposition qu’il présentait (des affiches de Lawrence Weiner, Kiefer, de Barcelo ou de Sol Lewitt à 50€).
–La librairie Marian Goodman. Il vient juste d’ouvrir ce nouvel espace de la galerie Marian Goodman et, pour, l’instant, il n’a pas beaucoup l’air d’une libraire, puisqu’il est entièrement consacré à une exposition d’Annette Messager, A mon seul désir, qui présente tout un ensemble de dessins, d’aquarelles et de sculptures qui interrogent le désir féminin. Mais il sera bientôt dédié à la vente de livres et d’éditions diverses et, en attendant, on peut déjà acheter le catalogue qui accompagne l’exposition (avec un poème de l’artiste, 15€) et des badges et des sacs également conçus par elle.
–La galerie Semiose. La galerie Semiose a développé depuis 2014 une filiale d’e-commerce dédiée aux multiples et éditions d’art contemporain, Prints, things and books by artists, et ce sont ses produits qu’elle expose actuellement. Parmi eux, on trouve, comme à la Galerie de Multiples, une large collection de sérigraphies d’un format de 50 x 70 cm, tirées à 100 exemplaires et vendues 100€. Ont participé à la dernière fournée, entre autres : Dan Perjovski, Claude Lévêque, Françoise Pétrovitch, Léo Dorfner. Mais on pourra aussi y acquérir, pour 150€, un parapluie de Karina Bisch édité par We do not work alone, une structure qui propose des objets utilitaires revisités par des artistes (ils éditent également des mélangeurs à cocktail, Sticky Fingers, de Camila Olivera Fairclough au prix de 5€ le sachet de 3 ou des coussins d’Elvire Bonduelle, Cales, à partir de 80€ le plus petit). Ou un puzzle de Mathieu Mercier, tiré à 1000 exemplaires numérotés et signés et vendu 100€. Mathieu Mercier est d’ailleurs un des grands défenseurs du multiple en France. Il a été un des fondateurs, au départ, de la Galerie de Multiples, et il a créé une structure solidaire, le Coop Club, qui vend sans intermédiaire des éditions d’artiste, en leur reversant l’intégralité du profit (une sculpture en béton d’Alain Declercq, par exemple, représentant un poing fermé, tirée à 30 exemplaires et vendue 150€).
–Internet. Sur le web, on trouve de nombreux sites vendant des multiples d’artistes, parmi lesquels le Cneai de Chatoux, qui vend des éditions très pointues. S’il fallait n’en sélectionner qu’un, je recommanderais un site belge, MOREpublishers, qui a d’ailleurs produit une édition de Mathieu Mercier, et qui allie une politique d’artistes exigeante à des prix très bas. Ainsi, on peut actuellement acheter une superbe sérigraphie en couleurs de Liam Gillick, Workplace aesthetics might not be enough, tirée à seulement 40 exemplaires, pour la modique somme de 100€. Ou des tirages offset de Walid Raad, Pablo Bronstein ou Katinka Bock tirés à 100 exemplaires numérotés et signés pour seulement 70€. Mais chez eux, les éditions s’épuisent vite et les propositions de Michel François, Robert Barry ou Ryan Gander sont depuis longtemps « sold out ». Le mieux est donc de s’inscrire sur la newsletter et de commander sans attendre. Bonnes courses de Noël et bon début de collection!
-Galerie de Multiple, All I Want For Christmas Is…, jusqu’au 3 janvier, 17 rue Saint Gilles 75003 Paris (www.galeriedemultiples.com)
-Librairie Yvon Lambert, 108 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris (www.shop.yvon-lambert.com)
-Librairie Marian Goodman, A mon seul désir d’Annette Messager, jusqu’au 14 janvier, 66 rue du Temple 75003 Paris (www.mariangoodman.com)
-Galerie Semiose, Prints, things and books by artists, jusqu’au 24 décembre, 54 rue Chapon 75003 Paris (www.semiose.com)
-MOREpublishers (www.morepublishers.be)
PS: Nadine Gandy, dont j’ai fait le portrait récemment, me signale qu’à l’occasion de l’exposition d’Agnès Thurnauer à la Kunsthalle de Bratislava, elle publie une sérigraphie de l’artiste qui reprend un des motifs de la série qui a contribué à la faire connaître et qui, dans une démarche militante, consiste à féminiser des noms d’artistes masculins célèbres (70 x 70 cm, 50 exemplaires, 100€, en vente sur le site de la galerie: www.gandy-gallery.com).
Par ailleurs, j’apprends l’existence d’une initiative tout à fait passionnante organisée par Synesthésie, une structure artistique basée en Seine-Saint-Denis. il s’agit d’une vente en ligne de sérigraphies à laquelle participent des artistes tels qu’Eva Barto, Marie Voigner, Lola Gonzalez, Jean-Charles de Quillacq, Bettina Samson ou Giulia Andreani. Mais le principe en est un peu particulier: on peut, soit acheter directement une des deux sérigraphies réalisées par l’artiste dans deux formats différents (format A2 à 180€, format A4 à 100€, 25 exemplaires numérotés et signés à chaque fois), soit opter pour un format et payer moitié prix, mais alors la sérigraphie qui vous sera attribuée sera tirée au hasard dans la liste (d’où le nom de l’événement: « la Fabrique du hasard »). Vous recevrez la sérigraphie une dizaine de jours plus tard et n’aurez pas la possiblité de l’échanger. Mais tous les bénéfices seront reversés équitablement aux artistes et à Synesthésie, dont la vocation est de proposer des résidences ou d’accompagner des projets. Et à ce prix-là, franchement, on prend pas beaucoup de risques! (www.synesthesie.com).
Images : vue de l’exposition All I Want For Christmas Is… à la Galerie de Multiples; une des “propositions pour une horloge” de David Horvitz; vue de l’exposition Prints, things and books by artists à la galerie Semiose
2 Réponses pour De l’art sous le sapin
+ URDlA , non !
Merci pour cet éclairage bien utile
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