Derniers achats avant Noël
Il ne reste que quelques jours avant Noël et ce dernier petit billet avant les Fêtes a pour vocation de vous aider dans vos achats de dernière minute, si vous envisagez d’offrir de l’art à des prix raisonnables.
-A la galerie Eva Hober, qui a quitté récemment le Marais pour venir s’installer dans le 8e arrondissement, juste à côté du musée Jacquemard-André, c’est une belle initiative qui se tient jusqu’à vendredi, avec l’exposition Friends and Family. Le principe de cette exposition, dont une première édition avait déjà eu lieu il y a trois ans, est de demander à des artistes de la galerie, mais aussi à d’autres dont ils se sentent proches ou avec lesquels la galerie a des contacts, de concevoir des œuvres de petite taille (21 x 14,8 cm) qui seront vendues au prix unique de 200 euros. Et l’idée est de les accrocher en dévoilant uniquement le prénom de l’artiste, à charge pour l’acheteur de deviner son nom (écrit toutefois au dos de l’œuvre et sur le catalogue). Il y avait foule le soir du vernissage qui s’est arrachée les œuvres de Thomas Lévy-Lasne, Julien Des Monstiers, Mathieu Cherkit, Katia Bourdarel, Stéphane Thidet, Giulia Andréani , Raphaël Denis et autres Gérard Fromanger (88 artistes en tout pour 128 œuvres). La galerie vient de refaire un petit accrochage avec ce qui n’a pas encore été vendu, soit une quarantaine de pièces. Bien sûr, ce ne sont plus les pièces des artistes les plus convoités qui restent, mais hier, on pouvait encore trouver des dessins de cette très belle peintre qu’est Anne-Laure Sacriste, de Bruno Peinado ou de Gregory Forstner. Il est donc encore temps d’aller à la Galerie Eva Hober pour y faire quelques bonnes affaires et des cadeaux vraiment originaux.
A noter que la galerie Bertrand Grimont avait organisé une exposition, La Petite Collection, hélas déjà terminée, un peu sur un principe similaire. Il s’agissait de confier à tout un panel d’artistes des cartons au format de cartes postales pour qu’ils en fassent une œuvre vendue au prix de 100 euros et qui sera effectivement tirée en carte postale, l’acheteur gardant en quelque sorte le modèle original. Mathieu Bonardet, Miriam Mechita et Benjamin Sabatier, entre autres, faisaient partie de la liste. L’expo est donc terminée, mais on peut toujours interroger la galerie pour savoir ce qui leur reste.
-Si on veut offrir de l’art pour pas cher, le mieux est toujours d’offrir un multiple, une forme d’édition qui trouve de plus en plus en plus sa place en France depuis quelques années. Et en matière de multiples, y-a-t-il meilleur endroit que la Galerie de Multiples, dont il a déjà été question ici (cf https://larepubliquedelart.com/la-galerie-de-multiples/) et qui, comme son nom l’indique, est spécialisée dans ce genre d’articles? Surtout qu’elle poursuit, en y ajoutant de nouveaux artistes, sa série 100% qui consiste à demander à 100 artistes des œuvres de différentes techniques qui seront tirées à 100 exemplaires et vendues 100 euros. Parmi les dernières parutions : Eva Nielsen, Ange Leccia, Véronique Joumard, Claude Closky, Marcos Avila Forero, Gyan Panchal et d’autres qui ont produit des impressions jet d’encre d’un format en général de 60 x 40 cm. Et des résultats qui n’ont rien d’anecdotique, qui sont au coeur de la pratique de ces artistes. Une manière donc de commencer la collection ou de faire plaisir aux amis sans se ruiner.
-En matière de multiple, la maison d’édition We do not work alone (www.wedonotworkalone.fr, ils ne vendent que par internet ou lors de foires et n’ont pas de boutique fixe) propose un concept original : il s’agit d’objets utilitaires qui ont été conçus par des artistes et tirés en édition limitée. On peut ainsi trouver un mètre imaginé par Annette Messager (« Mêtre-Cool »), des parapluies dessinés par Karina Bisch, des gants sur lesquels Mathieu Mercier a ajouté les mots « Love » et « Hate » ou tout un ensemble de vaisselle (assiette, saladier, pichet) réalisé par Mathieu Cossé en Italie à cent exemplaires. Et les prix défient toute concurrence : 25 euros le mètre (en édition, il est vrai illimitée), 100 euros l’assiette, 150 le parapluie ou le pichet. De quoi faire en sorte que son quotidien devienne une œuvre d’art permanente.
-Enfin certaines galeries produisent régulièrement des multiples et les montrent plus spécialement au moment de Noël. C’est le cas, par exemple, de gb agency, des galeries Chantal Crousel ou Marian Goodman. La première propose, par exemple, des éditions de Mark Geffriaud, Robert Breer, Dominique Petitgand ou Elina Brotherus. La deuxième des pièces d’Anri Sala, de David Douard ou d’Abraham Cruzvillegas. Quant à la troisième, qui a sa propre librairie rue du Temple, elle présente de nombreux produits dérivés (mugs, cravates, sacs d’artistes), mais aussi des éditions rares d’Andy Warhol, John Baldessari ou Willian Kentridge. Dans ce cas, bien sûr, les prix ne sont pas les mêmes et risquent de faire exploser le budget cadeaux. Mais qui sait ? Peut-être y-a-t-il dans tout cela des pièces accessibles et qui peuvent inciter à « craquer » (c’est paraît-il bon contre la déprime hivernale) ? En tous cas, joyeux Noël à tous !
-Galerie Eva Hober, 156, bld Haussmann 75008 Paris (www.evahober.com)
-Galerie Bertrand Grimont, 42-44 rue de Montmorency, 75004 Paris (www.bertrandgrimont.com)
-Galerie de Multiples, 17 rue Saint-Gilles 75003 Paris (www.galeriedemultiples.com)
-gb agency, 18 rue des 4 Fils 75003 Paris (www.gbagency.fr)
-Galerie Chantal Cousel, 10 rue Charlot 75003 Paris (www.crousel.com)
-Librairie Marian Goodman, 66 rue du Temple 75004 Paris (www.mariangoodman.com)
Images : vue de l’exposition Friends and Family à la galerie Eva Hober (photo Marc Domage) ; Ange Lecchia, Impression jet d’encre, 60 X 40 cm / 100 exemplaires numérotés et signés Collection 100% : 100 artistes, 100 exemplaires, 100 euros Edition GDM ; Matthieu Cossé, Assiette « Fontaine », édition WE DO NOT WORK ALONE, 100 ex, 100€. Crédit photo: Claire Israël
13 Réponses pour Derniers achats avant Noël
« concevoir des œuvres de petite taille (21 x 14,8 cm) qui seront vendues au prix unique de 200 euros. Et l’idée est de les accrocher en dévoilant uniquement le prénom de l’artiste »
Oh que c’ est fun de se procurer de l’ art mode photo Panini de footballeur ou d’ autographe de Johnny Halliday. L’ art conçu tel un élément décoratif comme un autre.
Quel philosophe esthéticien avait déjà prédit cela?
Deux univers distincts bien cyniquement compris et exploités de l’ art.
Le premier, celui de l’ art financier volontairement et hautement spéculatif en cercle fermé et le second composé de réductions, de clones, de brimborions, de produits de bas de gamme pour bien limiter les éventuelles possibilités de spéculation financière.
A Udnie: soit je me suis mal exprimé, soit vous n’avez rien compris. Je ne vois vraiment pas en quoi le fait de ne pas vouloir d’emblée dévoiler le nom de l’artiste en fait de l’art décoratif (ce serait même le contraire, puisque cela oblige les gens à regarder les œuvres pour ce qu’elles sont, pas pour le nom de celui qui les produit). Enfin, je ne doute pas que le cynisme existe dans l’ art contemporain, comme partout, d’ailleurs. Mais le voir systématiquement partout finit par relever du poncif et du jugement facile.
» le fait de ne pas vouloir d’emblée dévoiler le nom de l’artiste »
Là, il s’ agit de l’ effet bien rodé du marketing de » grattage » comme les jeux de loterie. Ouais, j’ ai tiré le bon X ou le bon Y avec toute la satisfaction narcissique de savoir qu’ on est un bon devineur et connaisseur de l’ art à la mode.
Ah la belle jouissance avec le bandeau sur les yeux!
L’ attribution de » décoratif » concernait le format voulu des œuvres, à portée de mains pourrait-on dire, comme une réduction style jouet-club pour tout un chacun.
Il ne suffit pas d’ être trop futuriste pour déjà concevoir la disparition des galeries d’ art qui singent inexorablement les discount des grandes surfaces commerciales.
D’ ailleurs Michel E. Leclerc s’ y est mis, avec tout le sérieux du manager d’ un important groupe commercial qu’ il est.
Lorsque l’ on vous voit faire vos emplettes dans les petites boutiques très parisiennes on peut se poser la question de savoir jusqu’ où vous poussera votre esprit de midinette.
Bien à vous.
De quel esprit chagrin vous faites preuve à propos d’une initiative festive et dont le but est de permettre à des gens qui n’ont pas de gros moyens de s’offrir des œuvres qu’ils ne pourraient acquérir autrement! Désolé, mais tout le monde n’a pas 450 millions pour s’offrir un De Vinci et si acheter des œuvres qui, encore une fois, ne sont pas des produits dérivés, mais des pièces uniques ou des multiples qui font véritablement sens dans le travail de l’artiste relève d’un esprit de midinette, et bien je suis une midinette et je l’assume.
Bien à vous
Vous avez sûrement un porte clefs « dog » de Jeff Koons alors?
Plus sérieusement, il me semble que l’ esprit de découverte pour les amateurs qui n’ ont pas « des gros moyens » comme vous l’ écrivez – je dirais pour ma part, ceux qui ont peu de moyens ( c’ est mon cas ) – est de chercher les créateurs qui sortent des sentiers battus, quitte à y mettre un peu plus pour que le prix bas ou l’ occase ne soit pas le seul critère d’ achat.
Il existe des amoureux passionnés de l’ art qui sont prêts à mettre un mois de leur salaire dans l’ achat d’ une œuvre, ne serait-ce que le smic ( j’ ai connu ce cas )mais 1400 euros, c’ est sept fois le petit caprice dans une galerie à la mode. Car vous ne nous apprendrez pas que ces personnes à la fièvre acheteuse à bas prix ont des intérêts ( train de vie, loisirs, boissons, etc..) bien plus important dans la vie que d’ acheter de l’ art en tant acte important voire essentiel.
Et vous, le fin observateur des événements parisiens de l’ art devriez rendre compte en tant que critique d’ art de ce changement radical de la motivation de l’achat d’ une œuvre d’ art. L’ œuvre est devenue un objet dit de « luxe » comme un autre, et il existe le « luxe » à portée de tous. Cela est un constat objectif.
Enfin lorsque vous employez l’ expression : » initiative festive « , tout est dit.
Bonne soirée.
Que l’œuvre d’art soit devenue un objet dit de luxe comme un autre, je vous l’accorde. Mais ce n’est pas propre à notre époque. Les bourgeois du XIXe siècle achetaient des beaux tableaux, comme ils achetaient de beaux meubles et de beaux vêtements.
Ce que je n’accepte pas, c’est que vos remarques relèvent d’un pur procès d’intention, que vous considérez que puisque ces œuvres sont de petite taille et qu’elles ne coûtent que 200 euros, elles ne peuvent être qu’un « petit caprice dans une galerie à la mode ». Alors que vous ne les avez sûrement pas vues des et qu’elles proviennent de quelques-uns des meilleurs jeunes artistes français (et certains moins jeunes comme Fromanger). De la même manière, vous avez des certitudes sur les motivations de leurs acheteurs potentiels sans savoir de toute évidence qui ils sont (c’est très noble de dépenser tout son salaire dans une œuvre d’art, mais on peut aussi avoir envie de faire face à d’autres dépenses sans se déshonorer pour autant).
Enfin, loin de moi l’idée de glorifier le « festif » avant tout. Mais la soupe à la grimace n’est pas la panacée universelle non plus.
Patrick Scemama dit: 23 décembre 2017 à 9 h 47 min
regarder les œuvres pour ce qu’elles sont, pas pour le nom de celui qui les produit
Yes ! Et fondamental…
Compliments pour vos chroniques… continuez comme cela pendant l’année qui vient que je vous souhaite très bonne
À Jacques Chesnel: Merci beaucoup. A mon tour de vous souhaiter une excellente année.
Udnie dit: 23 décembre 2017 à 16 h 41 min
déjà concevoir la disparition des galeries d’ art qui singent inexorablement les discount des grandes surfaces commerciales.
Il y a plusieurs choses. Une FNAC présente de très considérables et impressionnantes piles de romans. Mais l’auteur, lui, n’a eu affaire qu’à une seule partie, son éditeur. Lequel a tout pris en charge, la mission de l’écrivain s’achevant là : écrire l’ouvrage. Il n’y a guère de raison, dans les deux sens d’ailleurs, qu’il soit particulièrement à l’aise ou mal à l’aise dans cette activité, la vente, la distribution surtout, qui est tout simplement un autre job, un autre casuel. Il faut cet écran qu’est l’éditeur, quitte pour l’écrivain à venir près de son lectorat par les conférences et signatures.
En art c’est pareil ; il semble bien que la mission du peintre s’achève dès lors qu’il a sa toile sous le bras, non encadrée. L’encadrement est une passerelle entre l’oeuvre et la tapisserie de l’acheteur. Mais n’importe. Parcourir maintenant les grandes surfaces avec cette toile, peu crédible : il vaut mieux cet écran, cet agent : le galeriste, sans préjudice du fait que ce dernier a nécessairement, en plus un carnet d’adresse. C’est bien mieux pour le peintre, le sculpteur. Même si cela coûte, c’est certain…
carnet d’adresseS, Trommelfeuer !
En art c’est pareil ;
Mais Sergio, il y a longtemps que l’ art ne fait plus tapisserie et que l’ encadreur est un moribond!
Vous vous rendez compte, un 2000 m2 en périphérie de nos villes ( les ex-grandes surfaces )remplies d’ œuvres d’ art, celles-là même que nos peintres contemporains ne parviennent plus à exposer dans les lofts et autres galerie minus par la taille dans Paris?
Entre une salle de bien être et les oeuvres, un mélange subtil sera fait par les émules de P. Scemama.
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