de Patrick Scemama

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La République de l'Art
L’EAC de Mouans-Sartoux pense développement durable

L’EAC de Mouans-Sartoux pense développement durable

On ne louera jamais assez l’EAC (Espace de l’art concret) de Mouans-Sartoux, qui abrite la donation Albers-Honegger. Outre qu’il constitue une halte apaisante et rafraichissante dans un contexte souvent agité, il propose toujours une programmation pointue, qui fait appel à des artistes exigeants. Cet été, dans le bâtiment récent destiné à accueillir la donation, c’est Cécile Bart et Ode Bertrand qui sont amenées à dialoguer entre elles et avec l’ensemble de la collection. Et une exposition est aussi consacrée à Jean-Pierre Bertrand, qui, malgré son nom de famille, n’a aucun lien de parenté avec Ode (celle-ci étant la nièce d’Aurélie Nemours). Mais c’est l’exposition du Château qui nous a surtout intéressés. Elle s’intitule Impact et s’inscrit dans le cadre de la transition écologique entreprise par le Centre d’art depuis deux ans. A l’instar de nombreuses autres institutions artistiques comme le Palais de Tokyo, son personnel a été très sensibilisé aux questions écologiques et s’est efforcé de repenser les méthodes de fonctionnement à l’aune du développement durable. Mais il a aussi souhaité que la programmation accompagne cette réflexion en « en donnant la parole aux artistes qui questionnent les enjeux environnementaux ». « L’exposition, est-il précisé, révélera comment certains artistes nous incitent à déplacer notre point de vue sur l’environnement pour faire évoluer notre impact sur la biodiversité, favoriser sa restauration et la valorisation des écosystèmes. »

Soit. Cela donne un cadre assez vague qui ne constitue pas vraiment un fil conducteur d’exposition. Mais certaines propositions sont suffisamment fortes pour qu’elles emportent notre adhésion. C’est le cas, par exemple, de celle de Flore Saunois, une jeune artiste qui vit à Marseille. Elle imagine une installation à partir d’objets quotidiens qui évoque un paysage dans une démarche conceptuelle et se déploie sur plusieurs niveaux. Son travail rigoureux et précis n’est pas sans rappeler celui d’une Isabelle Cornaro ou d’une Laura Lamiel, mais il possède une poésie et une vraie force plastique. C’est le cas aussi de celle de Dove Allouche, un artiste que l’on a déjà beaucoup vu et qui présente ici quelques-uns de ses Sunflowers, ces tirages photographiques qui reprennent la technique traditionnelle de fabrication du miroir en déposant sur la surface du papier une couche d’étain et d’argent et en ne révélant que certaines parties. Ou celle de Marc Chevalier, qui, avec des éléments naturels glanés, crée un nouveau végétal, hybride, fait d’éléments hétéroclites « tout en sous entendant une logique formelle, génératrice et créatrice ». Mais peut-être une proposition nous a-t-elle plus marqués qu’une autre : il s’agit de celle d’Eulalia de Valdenebro, une artiste-chercheuse colombienne qui poursuit un travail de recherche mêlant botanique au sens scientifique du terme à une approche artistique et sensible de celle-ci. Dans l’exposition, elle montre la genèse d’Indigène/Allogène (Nativas/Foráneas) un projet sculptural qu’elle a commencé à développer à Bogota depuis 2010. C’est une sculpture vivante construite/semée dans le patio des arts de l’Université Jorge Tadeo Lozano, au centre de la ville. Métallique, elle mesure 63 m2 et est utilisée chaque jour comme support pour la croissance d’environ 150 plantes indigènes (nativas) de la forêt tropicale andine et qui, paradoxalement, sont allogènes (foráneas) à la ville de Bogota, en raison du processus de colonisation. Interroger le principe de plante indigène ou allogène, c’est bien sûr, à partir de la botanique, réfléchir sur les notions de mutation et d’immigration qui sont si importantes dans notre monde d’aujourd’hui, mais c’est fait ici à partir de dessins et d’une tapisserie d’une grande délicatesse.

Impact, jusqu’au 29 octobre à l’Espace de l’Art concret, Château de Mouans, 06370 Mouans-Sartoux (www.espacedelartconcret.fr)

Images : Flore Saunois, Collecte.2, 2023, Courtesy de l’artiste© crédit photo © Adagp, Paris 2023 ; Dove Allouche Vue de l’exposition Dove Allouche, « Mea culpa d’un sceptique » :Sunflowers, Mac Val-Musée d’Art contemporain du Val-de-Marne© crédit photo : Aurélien Mole / Fondation d’Entreprise Ricard

Cette entrée a été publiée dans Expositions, Non classé.

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Une Réponse pour L’EAC de Mouans-Sartoux pense développement durable

elji dit :

Merci pour cet article !

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