de Patrick Scemama

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La République de l'Art
Nice fête le cinéma

Nice fête le cinéma

Depuis 2013, Jean-Jacques Aillagon a accepté la proposition du maire de Nice de coordonner, tous les deux ans, une grande exposition dans différents musées de la ville. Il y eut, entre autres, une exposition autour des palmes et de Matisse, puis une exposition autour des artistes de Fluxus et de l’Ecole de Nice. A chaque fois, le Musée Masséna, le Mamac, le Musée Chagall ou le Musée Matisse font partie de l’aventure. Cette année, ce sont les 100 ans des Studios de la Victorine qui sont à la fête et l’exposition prend naturellement pour thème le cinéma.

C’est donc au Musée Masséna que le parcours débute. Là, l’exposition, qui s’intitule Nice, Cinémapolis, rend directement hommage aux célèbres studios qui furent fondés en 1919 par Serge Sandberg et Louis Napas à l’Ouest de la ville. Archives, documents, photos, éléments de costumes ou de décors et, bien sûr, extraits de films se succèdent pour évoquer ces lieux où furent tournés des films aussi importants que Les Enfants du Paradis de Carné/Prévert, le Mystère Picasso de Clouzot et, bien sûr, La Nuit américaine de Truffault. Comme l’explique Jean-Jacques Aillagon lui-même : «  le destin cinématographique de Nice est intensément lié à son destin touristique. (…) Comme les riches hivernants, les réalisateurs recherchent dans cette ville de la Riviera l’éclat de la lumière et la douceur des hivers. Ils y trouvent, comme leurs collègues américains à Hollywood, les conditions idéales pour y tourner leurs films ».

Au Mamac, Hélène Guenin, la directrice, a eu l’excellente idée de montrer des œuvres de l’Op art (art optique), dont la collection est riche, mais en les mettant en lien avec le cinéma qui les a beaucoup utilisées. Car, comme elle l’explique elle-même : « Le cinéma offre à l’Op art un travestissement inattendu. Art du mouvement et de la lumière, il est à la fois un prédécesseur, apte à sublimer ses jeux visuels, et un suiveur, qui cherche à le vampiriser par désir de modernité. » Dans les salles, ce sont les œuvres de Julio Le Parc, Soto ou François Morellet qui sont présentées, mais en lien avec les films dans lesquelles elles apparaissent. Et du coup, loin de la monographie pesante (comme ce fut le cas pour l’exposition Vasarely à Beaubourg),  c’est toute une époque qui revit, une époque dans laquelle les films, mais aussi les pochettes de disques ou les émissions de télévisions jouaient avec les pois, les lignes ou les effets stroboscopiques qui caractérisent cette forme d’art. Fraîche, légère, ludique, mais aussi pertinente et intelligente (voire comment elle montre de quelle manière l’Op art, qui se voulait vraiment populaire, servit les causes révolutionnaires), l’exposition prouve que les arts peuvent s’enrichir les uns les autres pour aboutir à de nouvelles propositions.

Enfin, au Musée Chagall, ce sont quelques photos et vidéos de Clément Cogitore qui sont mises en regard avec  des œuvres du peintre russe, qui avait élu domicile dans la région niçoise. Clément Cogitore, on l’a beaucoup vu depuis le Prix Marcel Duchamp qu’il a remporté l’an dernier et il s’apprête à mettre en scène Les Indes galantes de Rameau à l’Opéra Bastille. Le court métrage qu’il a réalisé sur le passage le plus connu de l’œuvre (l’entrée dite « des Sauvages »), qui était déjà une commande de l’Opéra de Paris, est d’ailleurs dans l’exposition, au même titre que le moyen métrage Braguino ou les vidéos Elégies, Passages ou Tahrir. « A l’instar de Marc Chagall (1887-1985), autre metteur en scène, ses représentations du monde, nous est-il dit, passent par le prisme d’une dramaturgie souvent inspirée des grands mythes et des formes archétypales. Ce sens du conte, du registre allégorique relie donc ces deux artistes dans cette exposition qui se construit autour des thèmes du conflit, du rituel –profane ou sacré –de l’utopie et de la mémoire profonde des images. » Bon, cela peut sembler un peu tiré par les cheveux, mais cela permet de faire le point sur la réflexion, souvent très précise que mène l’artiste sur la provenance et le devenir des images dans notre monde d’aujourd’hui et sur leurs  différentes possibilités de lecture.

Nice, Cinémapolis, jusqu’au 30 septembre au Musée Masséna

Le diable au corps, quand l’Op art électrise le cinéma, jusqu’au 29 septembre au Musée d’art moderne et contemporain (Mamac)

-Clément Cogitore, jusqu’au 22 octobre au Musée Chagall

A noter que d’autres expositions entrant dans cette programmation se tiennent parallèlement (comme l’exposition Alain Fleischer au Musée de la photographie Charles Nègre). Toutes les informations sur : www.cinema2019.nice.fr

 

Images : vue de l’exposition Le diable au corps, quand l’Op art électrise le cinéma. Mamac Nice 17 mai- 29 septembre © ADAGP, Paris 2019, photo François Fernandez : Clément Cogitore, Les Indes Galantes, 2017, vidéo HD couleur, 6 min. Production 3e Scène, Opéra National de Paris – Les Films Pelleas. Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR) et de la galerie Reinhard Hauff (DE). © ADAGP, Paris, 2019.

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